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Pour les équipes de collecte des coopératives et négoces Eliminer l'ergot des céréales au silo

L'ergot des céréales est en recrudescence depuis quelques années, et la réglementation sur le sujet est en pleine évolution. Que faire pour gérer les lots contaminés lorsqu'ils arrivent au silo ?

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Le problème posé par l'ergot aux hommes ne date pas d'hier : une tablette assyrienne, de 600 avant Jésus-Christ, fait mention d'une « pustule nuisible dans les épis des céréales ». Et il n'est pas sous contrôle partout : en 2001, en Ethiopie, de l'orge contaminée a causé la mort de trois personnes. « L'ergot de seigle, Claviceps purpurea, est un champignon microscopique qui contamine de nombreuses céréales et d'herbes : blé, seigle, avoine, épeautre, vulpin, ray-grass... », expliquait Philippe Pinton, de l'Inra de Toulouse, lors d'une journée Arvalis, le 1er avril à Paris sur le sujet. Il produit des alcaloïdes (ergométrine, ergotamine...) qui sont responsables de sa toxicité. La réglementation est en train de changer (lire le point de vue de Bruno Barrier-Guillot).

En France, une résurgence de l'ergot a été constatée depuis le début des années 2000, sans distinction de région. « A part l'extrême sud-est, tout le monde peut être concerné, analyse Béatrice Orlando, chef de projet qualité sanitaire chez Arvalis. Après, ce ne sont pas les mêmes zones qui sont touchées selon le climat des années. En tant qu'expert, je dirais que les années où la présence d'ergot a été plus importante sont 2000, 2003, 2009, 2013 et 2014, en lien avec des printemps pluvieux.

Les adventices, un relais pour les contaminations

En pratique, les sclérotes tombés au sol germent après l'hiver. La contamination se fait à la floraison. Parmi les facteurs expliquant ce retour de l'ergot, il y aurait les échecs de désherbage. L'ergot se développant aussi sur les adventices, leur présence dans les parcelles et en bordure constitue un relais pour les contaminations. S'il est important de communiquer en amont sur les leviers en culture, impossible parfois d'échapper aux livraisons de lots contaminés au silo.

« La dernière année où l'on a été concerné par un problème d'ergot remonte à la récolte 2013, relate David Meder, responsable céréales chez EMC2, coopérative basée dans la Meuse. Des sclérotes avaient été repérés dans 20 % des blés et 40 % des triticales. Le détecter n'est pas difficile, dans le blé ou le triticale, l'ergot se voit comme le nez au milieu de la figure. » Reste ensuite à faire un échantillon représentatif. « On trie l'échantillon manuellement, que l'on pèse avant et après, sans les sclérotes », continue David Meder. Après les avoir isolés, que faire des lots non réglementaires ?

« Pour nettoyer les lots, il s'agit d'exploiter les différentes caractéristiques physiques entre les graines et les sclérotes : la couleur, la densité la plupart du temps, et parfois la taille, explique Katell Crépon, à la tête du pôle stockage, chez Arvalis. Plusieurs outils permettent de faire ce tri, dont le trieur optique (tri par couleur et forme), la table densimétrique (tri par densité), et le nettoyeur-séparateur (avec des grilles). L'institut technique a étudié leur performance. En matière d'efficacité, la table densimétrique et le trieur optique sont comparables, et tous les deux sont nettement supérieurs au nettoyeur-séparateur. Cela étant, le débit de nettoyage est en faveur du nettoyeur-séparateur, les autres étant équivalents. « Lorsque le lot dépasse le seuil réglementaire fixé pour l'alimentation animale, le nettoyage est obligatoire car la commercialisation d'un lot au-delà de 1 g/kg est impossible. Par contre, lorsque la contamination se situe entre 0,5 g/kg (seuil fixé pour l'alimentation humaine) et 1 g/kg, avant de décider de nettoyer ou non, et comment, il faut bien calculer les freintes générées, leur traitement, le coût de la main-d'oeuvre, l'énergie nécessaire, et le différentiel de prix entre blé meunier et blé standard », prévient Katell Crépon.

2 % des sites des OS ont une table densimétrique

Il est difficile à l'heure actuelle de connaître les taux d'équipements des OS en la matière. Une enquête FranceAgriMer menée en 2014 estime que 2 % des sites des OS possèdent une table densimétrique, chiffre qui monte à 42 % pour les nettoyeurs-séparateurs. « En dehors des stations de semences, il y a très peu de trieurs optiques », estime Katell Crépon. Au global, 63 % des sites des OS et 37 % des silos portuaires ou fluviaux disposeraient d'équipements de nettoyage des grains.

David Meder, chez EMC2 témoigne : « En 2013, nous avons traité avec nos deux tables densimétriques tous les lots qui présentaient un taux d'ergot supérieur à 0,5 g/kg. Le souci quand on trie par densité, c'est qu'on ressort aussi une proportion de grains légers. C'est pourquoi à l'été 2013, nous avons décidé de nous équiper d'un trieur optique. Tous les lots problématiques sont passés deux fois. »

Marion Coisne

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